Et si pratiquer les jeux vidéo rendait plus performant professionnellement ?

En 2022, plus de 38 millions de Français pratiquent les jeux vidéo1. C’est devenu le premier point commun de nombreux collègues en entreprise ; jouer n’est plus réservé aux enfants. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui attendent que ces derniers soient couchés pour lancer une “game”. Le jeu vidéo gagne de plus en plus de terrain et  commence à se structurer, à se professionnaliser : salons dédiés, reconnaissance de l’esport, émergence de nouveaux métiers, création d’écoles spécialisées… Longtemps diabolisé, le secteur prend son envol et pique notamment l’intérêt des entreprises, séduites par les nombreux atouts que cette pratique permet de développer tant sur la partie cognitive qu’en matière de soft skills. Et si les jeux vidéo devenaient un vrai levier de performance en milieu professionnel ? 

L’esport, un secteur qui se professionnalise et fédère.

Anciennement en marge et réservée aux “Geeks”, la pratique du jeu vidéo connaît désormais une profonde transition. En pleine structuration, elle interpelle, séduit et fédère. En effet, le 21 juin 2022, la jeune équipe française Karmine Corp (structure française centrée autour d’une équipe e-sport basée à Paris) a réuni plus de 12 000 fans à l’Accord Aréna de Paris et plus de 175 000 viewers derrière leurs écrans en live lors de l’événement KCX2 (Karmine Corp Xperience, compétition d’esport). Des chiffres révélateurs de la forte attractivité du secteur2.

Au départ, la pratique du jeu vidéo reposait sur l’aspect communautaire. Chaque jeu, chaque éditeur, chaque marque, a créé sa communauté de joueurs motivés. Ces acteurs du gaming ont ainsi structuré leur scène, en s’appuyant souvent sur les codes du sport, consciemment ou inconsciemment. Cette mise en place a nécessité de nouveaux besoins et a donc ouvert la voie à de nombreuses professions autour du jeu vidéo : managers, coachs, préparateurs mentaux et sportifs…

Portés par leur passion, les joueurs amateurs se sont structurés et de fait, ont monté en compétences au fur et à mesure des expériences vécues : qu’elles soient esportives, organisationnelles ou humaines. Salariés la semaine, ces profils se transforment en véritables entrepreneurs le week-end. Ce gain d’expertise est bénéfique pour l’entreprise, à tous les niveaux. Mais qu’en est-il de la pratique elle-même ?

Au-delà des idées reçues dans l’esport.

Dans l’inconscient collectif, les jeux vidéo n’ont pas vraiment bonne presse. Bien entendu, l’abus, comme pour toute sorte de consommation, est souvent néfaste pour la santé. En revanche, jouer est une manière naturelle et efficace d’apprendre. C’est une des raisons pour lesquelles les enfants ont de meilleurs résultats que la plupart des adultes sur cette discipline. Par exemple, League of Legend comprend plus de 150 champions (personnages) combinés à des centaines d’objets qui affectent les compétences, les récupérations (cooldown5), et de manières différentes pour chacun d’entre eux. La quantité d’informations à assimiler et restituer dans un temps décisionnel record est incroyable. Cela représente souvent quelques centièmes de secondes lors d’une attaque adverse.

En effet, la pratique du jeu vidéo mobilise de nombreuses parties du cerveau et active donc de nouvelles compétences cognitives. Un joueur qui incarne un personnage dans le cadre d’un jeu est soumis à divers défis et objectifs. Par exemple, confronté à des problématiques de toute sorte, il est constamment amené à trouver des solutions face aux imprévus et donc à s’adapter. Lors d’une partie, un gamer est conduit à analyser et intégrer tout un flot d’informations. En cela, il travaille donc énormément ses capacités de mémoire. Performer en esport nécessite également de mobiliser constamment son attention et de développer de très bons réflexes. Souvent décriés pour leur impulsivité, les joueurs sont aidés à mieux comprendre leurs émotions et ainsi, à mieux gérer les potentiels échecs et déceptions. Toutes ces qualités attribuées au jeu peuvent ensuite être mobilisées dans le domaine professionnel. 

Et cela se vérifie : les entreprises sont de plus en plus familières avec des logiciels dédiés, au départ, au jeu vidéo. De nombreux collaborateurs communiquent aujourd’hui par le biais de Discord dont les fonctionnalités sont pratiques et efficaces. Une preuve de plus, s’il en fallait, du déploiement du jeu vidéo en entreprise.

De la pratique du jeu vidéo à la vie en entreprise : un transfert de compétences sous-estimé.

Depuis déjà plus de 20 ans, l’armée américaine l’a compris. Elle recrute à grand coups de millions d’euros dans le jeu vidéo jusqu’à développer son propre jeu. L’usage des jeux vidéo s’est développé à tel point qu’elle possède aujourd’hui sa propre équipe esport. La France n’est pas sans reste. En 2022, elle a lancé sa chaîne Twitch et son équipe professionnelle : LNX3.

Les Britanniques et Néérlandais ont aussi leurs propres équipes esport4. Bien plus qu’un simple outil de visibilité et de ciblage, ils s’en servent comme un véritable organe de propagande. En effet, la cybersécurité, le développement ou plus largement les métiers numériques attirent de nombreux joueurs. Lorsqu’un joueur met en place une stratégie de cyber protection ou un algorithme de traitement de données, il se doit  d’être rigoureux, organisé, capable de solutionner des situations complexes ou encore immergé dans l’esprit de son utilisateur. Ce sont des compétences que l’on retrouve parfaitement dans un jeu comme Counter Strike, et ce n’est pas un cas isolé.

Malheureusement pour de nombreuses entreprises Européennes, cette approche est encore sous estimée. Néanmoins, le jeu vidéo est la première industrie culturelle en France depuis plus de 10 ans. Il est de la responsabilité du système éducatif de s’adapter à ces usages et d’en structurer le transfert de compétences. Pourtant, mis à part une poignée de projets, ce dernier est sérieusement en retard et ne voit pas d’un bon œil la pratique du jeu vidéo. Un regard qui changera sûrement lorsque le gouvernement intégrera de véritables gamers en son sein. Rendez-vous dans 10 ans.


  1. SELL – Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisir
  2. L’Équipe
  3. La Nouvelle République
  4. 20 minutes
  5. Temps de régénération d’un sort dans le jeu League of Legends
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